Kor

14 x 21 cm / 212 pages / octobre 2022 / isbn 979-10-97279-22-6
22 €

Yanna Kor

Les théâtres d'Alfred Jarry

L'invention de la scène 'pataphysique

Alfred Jarry est l’un des témoins les plus éloquents de la richesse du divertissement de la fin du XIXe siècle : dans son œuvre, marionnettes et ombres chinoises côtoient le spectacle forain et la lanterne magique, opéra et opérette se mêlent au théâtrophone. La théâtralité dépasse la scène et devient une expérience totale et infinie qui traverse toutes les formes potentielles au point de contester la démarcation entre l’art et la vie, plus encore entre la littérature et le spectacle. Serait-ce la raison pour laquelle il semble inclassable dans le contexte de son époque et est entouré d’une aura postmoderne pour le lecteur contemporain ?

Étudiée principalement sous l’angle de la dramaturgie, cette présence du théâtre dans l’œuvre de Jarry demeure encore trop méconnue. Cet ouvrage part de l’ambition de mettre en lumière Jarry l’artiste qui transforme l’écriture et la lecture en performance théâtrale et dont le parcours est guidé par la passion du spectaculaire. À travers l’examen de ses expériences scéniques, de ses articles théoriques et de ses œuvres littéraires, ce livre entend révéler sa démarche singulière qui reçoit ici le nom de scène ‘pataphysique.

Introduction

I. Les mises en scène d’Ubu Roi

1. 1888. Le Théâtre des Phynances. Les débuts théâtraux d’Alfred Jarry
2. 1896. Jarry au Théâtre de l’Œuvre
Le décor : « cauchemar de mégalomaniaque »
L’acteur jouant en marionnette3. 1898. La collaboration avec le Théâtre des Pantins
Le Théâtre des Pantins
Ubu au Théâtre des Pantins
Jarry le marionnettiste
4. 1900-190
3. Jarry s’éloigne d’Ubu, mais pas des marionnettes
1901 – Ubu sans Jarry au cabaret des Quat’Z’Arts
1901-1903 – les dernières expériences avec marionnettes
5. 1908. Ubu après Jarry

II. La vision théâtrale de Jarry

6. Le décor. Comment met-on en scène le Nulle Part ?
Décor héraldique
Une théâtralité mise à nu
Vers l’espace du castelet
7. L’acteur. « L’âme et l’homme intérieur de la grande marionnette »
L’acteur-marionnette au tournant du siècle
« jouer enfermés dans un masque »
« faire tout le corps du rôle »
La voix d’origine perdue
Retrouver « l’homme intérieur et l’âme des grandes marionnettes »
8. Mettre en lumière : Jarry sur l’éclairage au théâtre
Animer le masque
Le masque comme espace de projection et d’échange
Ouvrir le masque

III. Vers la scène ‘pataphysique

9. L’espace ‘pataphysique-I : l’observatoire et la profondeur
Créer l’espace de regard – César-Antéchrist
L’observatoire – Le SurmâleVers la profondeur – Haldernablou
Dans la profondeur – L’Amour absolu
10. L’espace ‘pataphysique-II : le mur et le jardin
Le mur – L’Amour en visites
Le jardin – Messaline
11. Le corps ‘pataphysique-I : « une rigidité, c’est-à-dire élasticité absolue »
Du Bernard-l’hermite et de Kaka-San
Du volant et de l’homme-machine
La machine coule
Les corps noyés
12. Le corps ‘pataphysique-II : « il dansait quelquefois la nuit »
Le masque des Indiens
L’acrobate Mnester
13. La lanterne magique
La projection…
…est multicolore…
…et sonore
Vers la scène ‘pataphysique

Jarry et les pratiques performatives contemporaines (en guise de conclusion)
Bibliographie

Yanna Kor est docteure en études théâtrales et spectacle vivant, spécialiste du théâtre d’Alfred Jarry et du théâtre de marionnettes français du XIXe siècle. Elle est chercheuse associée du laboratoire CEAC, programme de recherche « Lumière de spectacle » (Université de Lille) et post-doctorante dans le cadre du projet ERC (European Research Council) Puppet-Plays au Laboratoire RIRRA 21 de l’Université Paul Valéry Montpellier 3.

Recension par Robin Émile-Viart pour Spéculations, Revue d'actualité du Collège de 'Pataphysique, mars 2023.

Une nouvelle thèse vient d'être éditée, il importe de relever le fait car il est rare : sous l’angle pataphysique. Et – phénomène peut-être encore plus rare – avec une connaissance de la Science des solutions imaginaires. [...]
À mesure de la lecture on entre dans une vision pataphysique. « Vision » parce que l’autrice met l’accent sur le fait que la ’Pataphysique, comme l’écriture et le représentation théâtrale, est principalement une manière de voir, un angle de vue, et que, de même que le masque chez Jarry serait un miroir qui renvoie au spectateur sa propre image sous un autre aspect, « la réflexion pataphysique proclame le pouvoir de celui qui regarde de (re)créer le monde selon son propre gré ». [...]
La spéculation pataphysique la plus remarquable, et qui ne déparerait pas notre revue, est sans doute la démonstration rigoureuse que les personnages des œuvres de Jarry sont liquides. À l’instar du phonographe du Surmâle qui « coule », les êtres sont des chimères à la frontière de l’humain et de la machine, et liquides dans leur enveloppe rigide. [...]
Pour conclure, nous sommes entrainés dans une lanterne magique qui permet d’associer les diverses théories développées dans cette thèse : le spectacle, la réflexion (dans tous les sens du terme), la machine organique. L’écriture, comme la représentation théâtrale, crée une projection – à la manière d’un théâtre optique ou de celles des ombres dans la caverne platonicienne – et cette projection d’ombres obscures crée des univers parallèles « pour voir autrement ». Pour Yanna Kor, la destruction prônée par Jarry n’est pas destruction du passé, il ne prône pas une avant-garde systématique mais « dénote la destruction totale des frontières ». Il met en avant les éléments constitutifs du théâtre comme un « champ d’interprétations et de lectures possibles (…) support matériel pour l’imagination du spectateur ». Un personnage de Jarry est « celui qui éclaire », comme une chandelle verte, certes, mais n’est-il pas mû par la ténèbre ?


À retrouver dans le numéro de mars 2023 [21 pédale 150 E.P.] de Spéculations, Revue d'actualité du Collège de 'Pataphysique.

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