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Jules Barbey d’Aurevilly - seule lettre connue à Victor Hugo

Barbey

16 cité d’Antin, [Février 1845].

Deux pages in-8 ; trace de déchirure en marge, trace auréolée rouge dans le coin supérieurdroit, décharge en tête provenant visiblement d’une lettre de Pierre Louÿs qui devait lui faire face.

Lettre autographe signée à Victor Hugo

Lettre autographe signée de l’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly (Saint-Sauveur-le-Vicomte, 1808 - Paris, 1889) à Victor Hugo.

En 1844 Barbey écrit deux articles sur Innocent III et les soumet à Armand Bertin, qui dirige Le Journal des Débats. En août, les articles n’étant toujours pas publiés, il écrit à une dame pour demander l’appui d’Hugo (catalogue Charavay et lettre 1844/11 dans la Correspondance générale) et le 25 octobre 1844 le premier article est publié.
En février 1845, alors que son deuxième article n’a toujours pas paru, Barbey écrit à Trébutien : Mon deuxième article va paraître dans les Débats. On me fait attendre, on veut me dégoûter, je crois, mais qui a ambition a patience. Je sais des jaloux épouvantés qui poussent la porte de ce journal afin de m’empêcher d’y entrer et de m’y asseoir, mais je la forcerai cette porte, sur leurs poignets renversés. (Corr. générale, lettre 1845/3)
L’article paraît finalement en septembre 1845. Ce sera à la fois son dernier article au Journal des Débats et le point final de ses relations personnelles avec Victor Hugo. (id., notes de la lettre 1845/4)

Cette lettre est la seule connue de Barbey d’Aurevilly à Victor Hugo. Il en est fait mention pour la première fois le 15 juillet 1895 dans l’article Barbey d’Aurevilly rédacteur au journal des débats dans la Revue d’histoire littéraire de la France. Maurice Tourneux précise que l’autographe, qui m’appartient depuis longtemps et dont on a détaché le second feuillet, ne porte aucune date, ni aucune suscription et rien dans son contexte ne trahit le nom du destinataire, si ce n’est un mot de celui-ci que le solliciteur lui rappelle et qui me fournissait un premier indice. Une autre lettre de Barbey dont je ne connais qu’une courte analyse [lettre 1844/11] est venue depuis confirmer mes premières suppositions : c’est à n’en pas douter, Victor Hugo que d’Aurevilly prenait pour arbitre et pour auxiliaire contre la force d’inertie dont il était victime.

La lettre est de nouveau publiée par Tourneux en 1908 dans L’Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux. Elle est également évoquée dans la thèse de Jacques Petit Barbey d’Aurevilly,critique et, enfin, elle est retranscrite dans la correspondance générale de Barbey d’Aurevilly (Tome II, p.15-16, lettre 1845/4) avec la note suivante : A vrai dire Barbey ne comptait pas sérieusement sur le poète, le ton flatteur de cette lettre, la seule connue qu’il lui ait adressée, ne doit pas faire oublier les sévères reproches à propos de Ruy Blas, le 3 décembre 1838, dans leNouvelliste.

Des relations aussi intermittentes ne pouvaient être ni cordiales ni durables. L’auteur garda de ces procédés une rancune dont ses fantaisies critiques ont maintes fois porté la trace ; mais qui nous dira quand commença et comment prit fin ce rôle de protecteur que Victor Hugo consentit un moment à jouer envers un homme devenu par la suite l’un de ses plus hardis et de ses plus acharnés contempteurs ? (Maurice Tourneux, Revue d’histoire littéraire de la France, 15 juillet 1895)

Seule lettre connue de Barbey d’Aurevilly à Victor Hugo.

Monsieur,
A qui m’adresserais-je si ce n’était à vous dont la bonté m’a appuyé si longtemps et m’appuie toujours ? Je voulais vous saluer ce matin et un ami m’a empêché de sortit assez tôt pour vous trouver chez vous. Voicice que j’aurais eu l’honneur de vous dire si je vous y avais trouvé.

Mon second article n’a point encore paru. Ne pensez-vous pas que l’intervalle mis entre le premier et le second ne soit beaucoup trop prolongé ? Le travail y perd de son unité, de son effet sur l’esprit de celui qui lit. Enfin, c’est contrariant de toutes les manières. J’ai vu M. Bertin plusieurs fois. Il m’a répété qu’il allait me faire paraître, mais ça n’a été qu’une promesse, l’article n’est même pas composé puisque je ne l’ai pas reçu.

Est-ce trop vous demander à vous Monsieur, qui vous êtes déjà tant avancé pour moi, que de vous prier d’ajouter une démarche à toutes celles que vous avez faites ? Permettez-moi de vous dire combien j’aime à rappeler par vous mes impatiences à M. Bertin. Ces impatiences sont assez légitimes pour que je n’aie aucun embarras à les avancer.

Vous m’avez dit un jour, Monsieur, avec cette chaleur d’amabilité qui est une véritable éloquence : Aimez-moi et ne remerciez pas. Je n’ai accepté qu’une partie de cette bonne et gracieuse parole et je vous obéis et vous désobéis du même coup, car, quelle que soit ma respectueuse affection, elle n’éloignera jamais la reconnaissance.

Votre serviteur et votre obligé.

Jules Barbey d’Aurevilly

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